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Par : Pat CHN
Publié : 14 décembre 2014

Quand Ostéopathie rime avec équitation...

Lutteur est un jeune grand cheval (plus d’ 1 m 80 au garrot...) près du sang. Il est utilisé pour le dressage, il se montre très difficile et présente une forte gêne du postérieur droit qui engage moins et un port de nuque très fermé. Cette gêne toutefois disparaît un peu à chaud. En général l’aspect visuel de la marche est très intéressant pour le raisonnement ostéopathique mais surtout dans ce cas.

* La marche au pas en ligne droite et juste tenu lâchement en longe, permet d’observer une dissymétrie dans le bassin quelque soit le temps de la marche, en particulier au poser des pieds, c’est la bassin droit qui monte toujours le plus haut. Alors qu’on devrait avoir une alternance parfaite dans l’espace et dans le temps dans la montée et la descente des deux palettes iliaques. De même l’épaule gauche avance moins bien que l’épaule droite. On en conclut à la présence d’au moins deux dysfonctions importantes : une entre les épaules au niveau du garrot et une autre "bassin-lombaires".

* Une fois sanglé, le bassin n’a plus le même mouvement, le bassin droit part toujours plus haut, et cette fois, le bassin gauche se relève un peu, mais plus vers l’avant et à contre temps. De même la dissymétrie entre les épaules s’est comblée un peu. Ainsi le fait de restreindre le mouvement des vertèbres thoraciques par la sangle et donc de soulager la douleur de cette zone l’a rendue plus symétrique et a de plus redonné un peu de liberté au bassin.

* Une fois le cavalier monté, le bassin à nouveau devient très dissymétrique, il monte plus haut à droite, le postérieur droit raccourcit sa foulée, alors que le postérieur gauche est raide, c’est le bassin gauche le souci. Le cavalier accentue le phénomène, ce pourrait être une question de poids, mais l’expérience montre que deux cavaliers de même poids contrarient le cheval de manière différente. Ce n’est pas non plus une seule question de savoir faire. C’est aussi une question d’adaptabilité des aides du cavaliers, ici son bassin. Pour que l’accentuation soit si forte, il faut que ce dernier soit en dysfonction.

* en cercle à droite, on voit les mêmes irrégularités, plus rapides mais de même nature.

* au trot monté en cercle à gauche, l’épaule gauche qui prend plus de poids, doit générer une douleur et cela donne une irrégularité forte à l’avant, et à l’arrière le postérieur gauche qui devrait lui aussi se lever plus ne peut pas et cela donne même des saccades sur le postérieur droit qui veut compenser "trop" vite l’impossibilité du bassin gauche à se lever.

Test fait, le cavalier présente une dysfonction du bassin droit dite en "upslip" (glissé vers le haut). Ce qui sous entend que le bassin gauche reste en bas et on comprend bien dés lors que le cheval sanglé et qui se permet un mouvement vertical du bassin gauche pour s’adapter à cette contrainte se voit cette fois contrarié et se retrouve encore plus gêné par cette deuxième contrainte surajoutée.

La consultation d’ostéopathie sur le cheval confirme l’impression visuelle et montre qu’au niveau du garrot, D4 est en dysfonction de ERSd. Et au niveau du bassin, L6 douloureuse à la palpation est en FRSd et le sacrum en rotation droite aussi par compensation.

Deux semaines plus tard, les deux corps ont évolué indépendamment, l’aspect visuel de la marche est corrigé pour lutteur aussi bien libre que sanglé, le propriétaire ne souffre plus de sa cruralgie consécutive à l’ "upslip". Toutefois sur le cheval monté, on retrouve une gêne qui s’accentue au travail. Une correction est réalisée sur le champ après test :
 en particulier une Cinquième lombaire de lutteur
 et l’iliaque droit à nouveau en dysfonction mais cette fois adaptative (conversion postérieure) du cavalier.

Reprise du test monté : les anomalies visuelles ont disparues, le mouvement est fluide et ressenti comme tel par le cavalier.

Conclusion : L’analyse visuelle fine des mouvements du cheval permet d’obtenir de nombreuses informations sur l’intéraction cheval cavalier et l’ostéopathie peut apporter alors une solution élégante à un problème qui n’est pas encore sensu stricto de domaine médical.

Patrick Chêne (cas référé par le Dr Yves Joly)