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Par : Pat CHN
Publié : 24 février 2016

Becs de Perroquet ? Un problème ou une solution ?

Le bec de perroquet en radiologie est une image dense d’un pont osseux reliant deux vertèbres par le bas sur le corps vertébral.

 Cette calcification peut être partielle et faire deux crochets qui ne se rejoignent pas encore.
 Elle peut être complète et sembler stabiliser les deux vertèbres l’une par rapport à l’autre.
 Cela peut même aboutir à la calcification du disque, et les vertèbres sont dites soudées.

Chez le chien on le retrouve souvent sur les dernières vertèbres thoraciques, mais aussi fréquemment sur les lombaires et entre L7 et le sacrum.

Certaines races seraient plus concernées que d’autres...

Quelle en est l’origine ?

 On a parlé de génétique (comme d’habitude) et polygénique...!!,
 d’alimentation (çà c’est plus vrai),

On l’englobe en général avec l’arthrose et il suffit souvent de le voir sur une radio pour que le bec de perroquet soit considéré comme le problème...et responsable d’une colonne vertébrale rigide et douloureuse, d’une démarche raide et d’une fatigue rapide.

Le seul traitement préconisé est alors un traitement classique d’arthrose d’anti-inflammatoire, avec plus ou moins de bonheur.
Quant au pronostic : on parle d’irréversibilité, de douleur importante, de traitement à vie, voire d’euthanasie....ouh !

Mais...

Car vu de ma pratique, il y a un gros mais...voire énorme.

Si on radiographiait des vieux chiens, on verrait des chiens :

 sans bec de perroquet et avec le dos raide et douloureux
 avec becs de perroquet et le dos assez souple sans douleur
 un traitement ostéopathique sur un chien avec dos douloureux et becs de perroquet aboutit souvent à des remissions de plusieurs mois.
 on constate parfois après traitement ostéopathique des régressions d’images radiologiques de becs de perroquets....

Alors que faut-il en conclure ?

A tout le moins, que l’équivalence bec de perroquet = dos raide = douleur = invalidité est fausse et sans fondement.

Que le fait de voir un bec de perroquet sur une colonne ne préjuge en rien de l’origine du problème. C’est un facteur de récidive, c’est un facteur de multiplication des soins ostéopathiques dans le temps.

Mais... mais ce n’est que rarement "LE" problème.

Mais, on pourrait penser qu’il est dangereux de manipuler sur un bec de perroquet !!

En fait dans la pratique, il n’est point besoin d’y toucher pour faire le traitement ostéopathique, et donc pas de danger a priori.
 [1]

Pas besoin d’y toucher ?

Considérons le corps sous son aspect physique et non chimique. Le corps est une forme en équilibre permanent qui répartit au mieux l’ensemble des forces qu’il génère ou subit. A la suite de chocs traumatiques, viscéraux, émotionnels, il réagit en se tendant, c’est en dire en augmentant le tonus de base de la zone considérée. C’est le concept de base qui explique le fonctionnement de l’ostéopathie.

Ces zones plus dures, mal vascularisées, mal innervées, pas forcément douloureuses loin s’en faut, vont constituer lors des déplacements de mauvais amortisseurs et transmetteurs de force.

Cela obligera une zone voisine, sur laquelle seront déviées des forces parasites et superflues, saine jusque là, à faire deux fois plus de travail d’amortissement et de répartition de force. Cela s’appelle une compensation. [2]

Mais... Elle ne pourra pas le faire tout le temps.. viendra un moment où elle dépassera ses capacités physiologiques d’absorption...

Alors elle se mettra en dysfonction musculaire secondairement, c’est la distinction en ostéopathie entre dysfonction primaire et dysfonction secondaire.

Mais parfois dans des zones très sollicitées, cela ne suffira pas.
Alors il reste au corps un moyen lent, mais efficace s’il en est... cimenter la zone, c’est à dire mettre en route les ostéoblastes pour bloquer entre elles les parties incriminées, cela donne les calcifications arthrosiques et les... becs de perroquet.

En regardant le bec de perroquet par ce biais là, il devient facile de comprendre qu’une séance d’ostéopathie qui remet en fonctionnement les dysfonctions primaires à distance de notre bec de perroquet permettent de calmer cette zone chaude par une meilleure répartition de forces et des mouvements.

La zone du bec de perroquet moins sollicitée se détend, ne pince plus les nerfs. La qualité du mouvement s’améliore tout le long de la colonne vertébrale et, cerise sur le gâteau, le phénomène physiologique qui favorisait la formation de l’ostéophyte s’arrête... voire s’inverse.

Plus besoin d’envisager des anti-inflammatoires à vie ni une quelconque dégradation irréversible.

C’est ainsi que le soin ostéopathique consistera à chercher les zones bloquées à distance et responsables vraiment de la raideur ou de la boiterie, sans forcément toucher à la zone des becs de perroquets.

Il y a bien sûr de nombreux exemples de vieux chiens améliorés de cette façon, mais je ne citerai qu’un cas qui m’a paru dramatique.

Ce pointer de 7 ans, avait régulièrement des boiteries et gêne du postérieur, mais suite à une partie de chasse dans les marais revient en hurlant et ne pose plus le postérieur gauche. La manipulation du chien est douloureuse en tout point du corps. Après un traitement intensif, les hurlements se calment, mais il ne pose toujours pas le postérieur et il tient la tête basse.

Il est référé dans une "grande" clinique où, au vu de la radio et du scanner on pense que le problème est dû à la prolifération osseuse entre les vertèbres. Les becs de perroquet prennent ici plusieurs lombaires et, chose peu banale, les vertèbres sacrées avec un bec de perroquet dessous et une calcification du disque qui envahit le canal médullaire.

Il est proposé d’opérer et de raser ces excroissances, opération présentée comme onéreuse, risquée et pas assurée du résultat.

Les propriétaires préfèrent différer et viennent consulter ( deux mois après le déclenchement de la crise) en ostéopathie.

Les dysfonctions mises en évidence font apparaître essentiellement un problème cervical, dont le seul symptôme observable est le port de la tête très bas. Sa résolution rapide permet au chien :
 de ne plus hurler du tout en 24 heures.
 de poser le postérieur gauche en boitant en quelques jours.
 la boiterie disparaitra définitivement en un mois malgré quelques rechutes après des courses en ontagne.

Ce cas pose encore une fois :
 le problème de la valeur des examens radiologiques quand ils ne sont pas accompagnés d’un diagnostic ostéopathique.
 L’incapacité de la médecine habituellement à raisonner un corps dans son ensemble.

Et l’on passe ainsi à côté de question simples et pourtant pertinentes :
 Comment est-il possible que des calcifications présentes depuis plusieurs mois voire plusieurs années soient seules responsables d’une pathologie aiguë, quand elles n’ont eu qu’une incidence chronique et légère jusque là ?
 Pourquoi un problème surajouté (ici le cou) ne suffirait pas à faire passer ce problème léger en problème grave rien qu’en obligeant le corps à compenser sur une lésion existante.
 Et dans ce cas est-il pertinent de se concentrer sur la lésion ou bien peut-on essayer de trouver le pourquoi de l’aggravation en interne.

C’est un exercice inhabituel en médecine classique qui a du mal à prendre en compte une certaine médecine physique... mais gageons que cela viendra, qu’il sera un jour possible de se faire entendre dans ce discours et intégrer en amont des traitements de tels concepts.

Post-scriptum

Avec cet exercice...on est dans le même type de raisonnement que celui là :

Quand un camion est resté coincé sous le pont.... quelle solution prenez vous ? : 1- Casser le pont ? 2- Scier le haut du camion ? 3- Dégonfler les pneus ?

Notes

[1De ce fait, je rappelle, il arrive que parfois comme pour toute technique de soin, il y ait des dérapages possibles et quelques aggravations suite à un traitement. Normalement celles ci sont passagères sauf cas particuliers. Ensuite le choix de techniques non douloureuses et non structurelles sur des zones lésionnelles permet d’éviter la plupart des soucis. Cela fait, sauf exception toujours possible, de l’ostéopathie bien conduite une pratique non dangereuse si l’on prend les précautions d’usage

[2Vous souvenez vous de la scie circulaire pour scier le bois de la cheminée de votre grand père reliée à un moteur Bernard par une courroie ? Cette courroie entraînait la scie en rotation. Pour arrêter le système il n’était pas recommandé d’arrêter simplement le moteur il fallait d’abord enlever la courroie. On le faisait avec un bâton que l’on appuyait doucement contre cette dernière. Aussi à partir d’un mouvement rapide et régulier de la courroie en rotation, le point d’appui du bâton en milieu de courroie introduisait un point de fixité qui déséquilibrait à l’autre bout la courroie sur les deux rotors, elle prenait alors une grande amplitude latérale anarchique et se sortait des axes qui se libéraient ainsi, on pouvait alors arrêter le moteur. Cela me fait bigrement penser à un mouvement alternatif qui s’appelle le MRP et à des articulations obligées de bouger deux fois plus quand une autre est bloquée !!!