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Publié : 14 février 2023

Cadres de Pensées. (Partie 1)

De plus en plus d’attaques contre l’ostéopathie, sa science, son art, sa philosophie, se font jour. Attaques faciles y compris fomentées par de jeunes ostéopathes, et bien sûr, au nom de la Science. Mais encore une fois, de quelle science parle t’on ? Voici une série d’articles pour remonter au sources des raisonnements en sciences qui démontrent que la réalité "cartésienne" est plus complexe qu’une simple prétendue démonstration dont les prémices ne sont pas forcément justes. Ces textes ne sont pas écrits à l’attention des détracteurs de l’ostéopathie (ou d’une certaine forme d’ostéopathie) qui n’ont pas forcément envie de se remettre en cause, mais ils sont écrits à l’attention des ostéopathes qui se sentent mal à l’aise face à ces insistants coups de boutoirs injustes.

“Nous sommes essentiellement du vide parcouru de pulsations
qui nous donne l’illusion que la matière existe.”

et d’après Aristote :

“Un savant est accompli lorsqu’il raisonne avec sa tête (episteme), s’active avec ses mains (techne) pour agir avec sagacité (phronesis), dans la sagesse (sophia) en réaction à une intuition (nous) fournie par quelque chose qui le dépasse totalement.”

Deux Citations du Pr Marc Henry Dans l’Eau Morphogénique.

Je pensais avec les deux premiers tomes [1] en avoir fini avec les prémices qui expliquaient pourquoi on peut parler de “Médecines” au pluriel, ou qui expliquaient pourquoi cantonner les corps et la vie à des molécules n’est pas une évidence scientifique, mais une évidence matérialiste. Car les mathématiques nous disent tout de la façon de penser la vie autrement quand on ne les enferme pas dans des statistiques comptables qui partent sur de mauvaises hypothèses.

Mais, je viens de lire ce livre, “L’Eau Morphogénique” du professeur Marc Henry, qui je l’avoue m’a fait très plaisir, il explique en beaucoup plus précis ce que j’essaie maladroitement de montrer dans les stages que je donne : le cadre de pensée implicite de la biologie actuelle n’est pas complet.

Comme le raisonnement du professeur henry, très physique et très pointu, est assez lumineux, je vais ici en remettre une petite couche qui nous permettra de mettre un cadre de pensée à toutes les expériences que j’aurais ensuite à décrire. Je vais donc m’appuyer en grande partie sur sa démonstration en espérant ne pas faire d’erreur, en essayant d’ajouter mes réflexions sans le trahir et en espérant être assez simple car les connaissances mathématiques et physique de cet homme sont largement supérieures aux miennes. Mais j’espère être capable de vous présenter de manière intelligible le fil de raisonnement imparable qui nous montre que penser la médecine autrement que le veut le diktat actuel n’est ni farfelu, ni stupide.

La nécessité de revenir sur ce thème ne tient pas à une quelconque obsession de ma part, mais je le réécris ici, nous devons nous donner les moyens de comprendre pourquoi la lutte est si sévère envers les médecines dites “douces” et nous donner les moyens de savoir que nous avons la raison avec nous quand nous les pratiquons, contrairement à ce que l’on voudrait faire croire. Et contrairement à ce que des ostéopathes, de plus en plus nombreux, soucieux de coller au paradigme ambiant, et qui voudraient rattacher l’ostéopathie à une certaine forme de Science “acceptable”, l’ostéopathie est aussi vitaliste que mécaniste et nous devons ôter nos doutes à ce sujet. Et plus nous serons sereins à ce niveau là et mieux nous encaisserons les “injustices” et faux semblants que nous voyons en ce moment se dérouler de façon exponentielle en matière de médecine.

Et surtout, de la même façon, je pose comme hypothèse que notre main d’ostéopathe en sera plus sûre et plus efficace.

Le Professeur Marc Henry définit ainsi 7 cadres de pensées qui ont parcouru l’histoire de l’humanité. Il faut entendre par cadres de pensées, les hypothèses et les concepts qui nous permettent de donner un sens au monde et à ce qui s’y passe. Nous nous intéresserons ici en particulier à l’eau et ce que chaque cadre change dans la manière de la considérer et de la connaître.

Cadre 1 - Le chamanisme, l’animisme :

Le premier cadre est le chamanisme, les éléments qui nous entourent prennent une caractéristique vivante, divine. On parle aux esprits de la nature et aux puissances tutélaires. Dans ce cadre l’eau est divine, l’esprit de l’eau et les êtres issus de cet esprit ont un réel pouvoir (Vouivres, Ondines). On peut communiquer avec eux par des transes chamaniques induites par des vibrations de tambours ou par des produits particuliers (ayahuasca…). Ce monde, même s’il n’a pas lieu d’être dans notre société qui a changé de paradigme, reste présent chez certaines ethnies qui vivent en dehors de nos villes, mais il apparaît aussi régulièrement (et souvent maladroitement) chez des gens qui ne se satisfont pas du cadre de pensée qui leur est imposé. C’est le néochamanisme.

Dominique Rankin, Homme médecine, algonquin

Cadre 2 - Le réalisme d’Aristote :

Avec Aristote, ce sont les mathématiques, la géométrie qui débarquent et veulent expliquer le monde. Aristote est un pragmatique et un réaliste. Il arrive à la conclusion qu’il n’y a pas de vide, il met en avant le principe de causalité : chaque effet est précédé d’une cause que l’on peut déterminer. Toutefois il laisse une place importante aux sens et à la nature pour lire le monde. Cette dernière assertion sera dévoyée ensuite en néoplatonisme. C’est la notion de transcendance, le rapport de l’UN ( le créateur) avec le multiple (la création). L’eau dans ce cadre aristotélicien est un élément, une entité qualitative. Il y a cinq “essences” : L’éther (la quintessence), l’eau, l’air, le feu, la terre. Ces cinq essences à elles seules permettent de reconstruire le monde, de la même façon que les trois couleurs primaires permettent de “construire” toutes les couleurs. Il est à noter que la Médecine traditionnelle chinoise relève d’une pensée similaire ( cinq éléments : eau, bois, feu, terre, métal). Aristote dispose la terre comme le centre du monde.

Les Quatre éléments d’aristote, le cinquième ...La quintessence

Cadre 3 - Galilée : le vide et “nos sens nous trompent” :

Mais Galilée déplace le centre du monde en faisant tourner la terre autour du soleil. Ce faisant, il nous explique que nos sens, qui constatent que nous sommes immobiles et que le soleil tourne autour de nous, nous trompent. Cette assertion court encore et nous contraint fortement, même si nous verrons ensuite ce qu’il faut en penser. Travaillant sur la chute des corps, il réintroduit la notion de vide donc in fine les atomes etc … Ce troisième cadre évoluant, il fonctionnera avec ce qu’on appelle le déterminisme.

Le déterminisme pose 5 principes en vérité absolue :

 Le Principe de l’existence de l’espace et du temps. L’espace est essentiellement du vide, il est « décoré » de matière ou de champs. Le temps est linéaire à sens unique, à écoulement régulier et identique pour tous.
 Le Principe de causalité qui affirme que si un phénomène produit un autre phénomène, alors la cause précède l’effet. Le principe de causalité est une des contraintes réalistes imposées à toute théorie mathématiquement cohérente afin qu’elle soit physiquement admissible. ( … dans ce troisième cadre)
Principe de détermination : tout état postérieur d’un système physique est déterminé par un état antérieur unique.
 Principe de continuité. Entre un état initial et un état final, il existe toujours une suite continue d’états intermédiaires.
 Principe de conservation : il existe des variables comme l’énergie qui se conservent dans le temps. Ou bien la matière : “Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme” attribué à Lavoisier.
L’apogée de cette pensée sera appelée “positivisme” : tout phénomène pourrait être anticipé si on connaissait parfaitement l’état initial du système. Avec cette philosophie, rien n’échapperait à la raison et l’avenir serait connu.

Dans ce contexte, l’eau devient une molécule notée H2O, qui contient donc un atome d’oxygène (O) et deux atomes d’hydrogène (H). L’eau devient essentiellement un solvant, une matière dans laquelle se produisent des réactions intéressantes. Une substance qui s’hydrolyse en un volume d’oxygène gazeux et deux volumes d’hydrogène gazeux, principe de conservation oblige.

Ces principes ont été féconds, c’est une évidence. Ils ont utilisé avec fougue les mathématiques pour décrire le monde et comprendre les phénomènes observés. Mais il faut bien comprendre que pour décrire le passage d’un système quelconque d’un état A à un état B, il convient d’utiliser des opérateurs logiques (addition, égalité, multiplication, etc.). Ces opérateurs sont choisis et décrits parce qu’ils permettent de comprendre le passage de l’état A à l’état B.

Les opérateurs choisis ont fini par constituer une unité que l’on a appelé la logique Booléenne. Cette logique particulière a, à moment donné été choisie pour de bonnes raisons, mais a fini par aboutir à des contradictions. Ces contradictions ont fini par exiger le choix d’un autre système de logique, la logique intuitionniste de Heyting. Ce qui fut fait, non sans faire grincer beaucoup de dents et aboutira in fine aux cadres de pensées suivants dans le domaine de la physique … La logique intuitionniste de heyting est un système logique plus complet, plus cohérent, mais qui n’a pas réussi pourtant, dans de nombreux autres domaines, à supplanter l’ancienne logique booléenne défaillante alors qu’il en avait le droit.

La logique Booléenne, fonctionne sur le principe dit du tiers exclu. Elle nous dit qu’un nombre est pair ou impair, mais il ne peut être les deux simultanément (propositions contradictoires), et qu’il n’y a pas de troisième possibilité. Des éléments Contradictoires sont exclusifs, ils s’excluent mutuellement, et sont exhaustifs, il n’y a pas de troisième larron qui puisse exister. C’est un raisonnement binaire où deux négations s’annulent et deviennent positives (Duplex negatio affirmat). C’est vrai, à n’en pas douter. Pourtant il existe une logique avec la possibilité d’éléments contraires qui sont exclusifs ( ne peuvent coexister en même temps) et non exhaustifs ( il peut exister un troisième larron). Mais encore une fois, l’erreur consiste à étendre une vérité au-delà de son domaine d’application. Car ce qui est vrai pour les nombres ou certains phénomènes physiques, n’est pas vrai pour TOUS les phénomènes physiques, ni en général pour le vivant.

Ainsi dans le paragraphe suivant :

 “Le chien aboie s’ il y a un intrus. Cela induit que :
 1 - le chien aboie alors il y a un intrus.
 2 - le chien n’aboie pas alors il n’y a pas d’intrus …

Ces deux propositions sont vraies dans une logique Booléenne. Mais quiconque a eu un chien sait bien qu’il y a de fâcheuses exceptions à cette règle. Dès que l’on parle de la vie, cette logique déterministe dualiste ne vaut pas.

Et souvenons nous que même en mathématiques pures on a fait des entorses, pourvu que le résultat soit là. Quand on s’est aperçu que des racines de nombres carrés négatifs pouvaient résoudre des équations, on a bien sûr utilisé ces “chimères”. Pourtant avec la logique booléenne qui prétend que deux assertions négatives deviennent positives, la racine carré d’un nombre négatif ne peut exister, puisqu’un nombre négatif élevé au carré devient positif : -2*-2 = +4 ; √4 =2 ou -2 ; √-4 n’existe pas. On se retrouvait alors avec : √-2, √-3, √-4, etc … qu’on a vite transformé en 2√-1, 3√-1, 4√-1, etc … il ne restait plus qu’un nombre impossible que l’on a appelé i, le nombre imaginaire.

Ce faisant on a donc quitté les nombres réels qui s’alignent gentiment de manière croissante sur une ligne pour utiliser les nombres complexes qui possèdent deux termes (a+bi avec i=√-1) et se lisent donc sur un plan. On a ajouté une deuxième dimension aux nombres. Et commencé à plonger dans la complexité de la réalité.

Ces derniers nombres sont très utiles pour travailler non sur la matière, mais sur les champs (champ magnétique par exemple) et les phénomènes vibratoires. Ils restent pourtant une imposture par rapport à la logique booléenne utilisée.

Et puis on a inventé les quaternions (4 dimensions) quand cela a été nécessaire (calcul du spin des particules). Mais revenons au troisième cadre …

De fait, forte du troisième cadre et de son déterminisme, cette logique booléenne sous-tend maintenant les raisonnements médicaux et sont matérialisés par des arbres décisionnels où, de symptômes en examens dont les résultats suivent une logique exclusive et exhaustive, on finit par énoncer un diagnostic logiquement amené par une suite de décisions binaires.

Tout au long du 19ème siècle la bataille a fait rage : la vie est-elle un tas de molécules assemblées, de la matière organisées en cellules ? ou bien, la vie est-elle une, divine, et se différencie en se matérialisant … ?

L’homéopathie a pris parti : la vie est une et au-dessus de la matière. Elle utilise résolument des dilutions de 12CH et au-dessus pour lesquelles le nombre d’Avogadro est dépassé. C’est à dire qu’à force de dilutions, il n’y a plus rien de la matière initiale dans l’eau secouée de l’éprouvette, ni dans le granule de pulsatilla 15CH que vous avalez… L’action de l’homéopathie n’est pas chimique et l’eau est tout sauf un solvant neutre comme dans les expériences de biochimie. La médecine dite factuelle prendra un tout autre parti. Au début du 20ème siècle aux états unis, le rapport Flexner, a pris le contre pied : n’est valide en médecine que ce qui s’appuie sur la cellule et sa machinerie. N’est valide que ce qui parle de chimie à des doses pondérales. Rockefeller, roi du pétrole, investit alors dans les écoles médicales en ciblant sur la chimie et la spécialisation plus simple et plus rentable …Toute pensée médicale différente est asséchée financièrement et in fine devra disparaître. Les journaux scientifiques ? Supposés garants de l’intégrité de la science et de ses travaux sont dès le début soupçonnés, s’en suivent des articles avec la référence ci dessous, dont le titre est explicite.

J.H Salisbury (1906) « The subordination of medical journals to propietary interests » California state J.Med. Vol IV n°9, pp 247-249

Et ce n’est pas l’actualité récente qui va nous laisser penser le contraire [2]. Le problème est tel que régulièrement des chercheurs tirent la sonnette d’alarme :

https://www.doctissimo.fr/sante/news/La-plupart-des-etudes-sont-fausses-l-avertissement-choc-d-un-chercheur

Ce qui laisse planer plus qu’un doute sur le fonctionnement de la science. Les résultats semblent s’orienter régulièrement en faveur du financeur de l’étude.

Sachez qu’on retrouve cette logique booléenne “exclusive” dans le contexte social : êtes-vous un homme ou bien une femme ? Ces deux assertions sont-elles contradictoires ? Si oui, bonjour le sexisme qui a alors toute sa place dans notre société. Pourtant on sait bien que ce sont deux assertions contraires (elles ne sont pas simultanément là, mais peuvent se succéder) … Ce qui est très vrai pour certains poissons qui sont d’abord mâles puis ensuite femelles, ou bien qui peuvent changer de sexe “grâce” aux hormones de la pilule qui se retrouve dans les fleuves. Et qui plus est, il y a bien des tiers exclus : de nombreuses personnes oscillent sans vraiment savoir qui elles sont ou bien se rebellent contre l’étiquetage social binaire qui leur est fait.

L’exclusion, est l’apanage de l’utilisation d’une logique booléenne et de son déterminisme qui s’enracine jusque dans les ressorts sociaux. Mais, dans le domaine des sciences, à moment donné, il a fallu pour les physiciens se rendre à l’évidence, le tour de passe passe des nombres complexes ne suffisait pas, il restait des problèmes aigus qui empêchaient la physique dualiste et déterministe de tourner rond. C’était la vitesse de la lumière qui était finie et indépassable. C’était le rayonnement du corps noir dont l’expérimentation ne collait pas du tout à ce que la logique aurait voulu.

Mais c’était aussi l’eau qui présente une anomalie de densité alors inexplicable. A l’inverse de toutes les autres matières pures, l’eau solide (la glace) est moins dense que l’eau liquide et flotte donc. Le pic de densité de l’eau est à +4°C quand son point de fusion est à 0°C.

Or un mien ami disait :

 “Une règle qui présente une exception n’est pas une règle…” (Erich Degen)

C’est alors que la physique dite quantique va venir au secours de la physique classique. Mais au prix d’un changement de cadre logique. (A suivre).

Notes

[2Je vous ferai grâce ici de tous les pfizergate et autres tartufferies qui ont émaillé les trois dernières années