Lecteur, quand tu liras ces lignes, dis-toi que ce sont des histoires vraies.
Pourtant, lues avec les lunettes occidentales d’interprétation de la réalité, c’est-à-dire celles d’un modèle matérialiste, ces histoires sont des histoires extraordinaires, comme jadis l’étaient celles d’Edgar Alan, toute comparaison gardée évidemment.
A ce titre, elles ne peuvent qu’être issues d’un cerveau qu’on dira créatif pour être gentil. Un cerveau littéraire qui s’amuse à déformer la réalité ou bien qui a sorti un fragment de ses rêves éveillés pour les coucher sur le papier. Des histoires fantastiques qui pourraient être réalistes mais qui ne le sont pas du tout en fait. Des histoires pourtant banales, mais qui décrivent un monde qui jongle entre la réalité et une interprétation fantaisiste de celle-ci.
Mais, lecteur, à la fin, il te restera à décider si ce que l’auteur raconte dans ces lignes est vrai ou n’est pas vrai. Invention purement fictionnelle ou interprétation fantasque d’éléments vrais, simples, tristement banals.... Dans un monde où la logique booléenne voudrait effacer la complexité infinie du réel, tout est soit vrai, soit faux ... Il n’y a pas d’espace pour du vrai_faux ou du faux_vrai.
Aussi, si tu décides lecteur que tout cela est faux, alors l’auteur espère que l’histoire te paraîtra fluide et plaisante, une distraction bienvenue. Ce qui devrait suffire à le récompenser du temps passé à choisir au milieu de la nuit les mots qui déforment le moins possible le vécu ressenti, le ressenti du vécu. Tout comme le géographe choisit parmi toutes les projections possibles, celle qui va le moins trahir la sphère terrestre, objet 3D, pour la déformer en un plan 2D, une carte qui devra résumer les informations de la sphère en les édulcorant par nature, mais devra pourtant en garder la substance. A la manière de cette même carte IGN que le héros d’une des histoires tient fermement dans la main lors de son périple initiatique : faire coller ce qu’il voit autour de lui avec la réalité de la carte pour ne pas se perdre, pour survivre.
En revanche, lecteur, il se peut que cette histoire et son interprétation résonne avec ta propre histoire et que quelque part ressorte de ta mémoire de telles coïncidences que tu as classées comme artefacts afin de ne pas perturber le bel arrangement du réel.
Il se peut alors que tu repenses à la chanson de Brel : "Dites, si c’était vrai ?" Ou bien au film “Matrix” et il te faudrait alors toi aussi choisir une des deux pilules, la bleue ou la rouge ? Ou bien tu peux repenser à la philosophie bouddhiste qui nous dit que le monde est maya, illusion. Tu peux décider de simplement contempler le voile impénétrable d’Isis ou a contrario tenter de le déchirer pour essayer d’entrapercevoir derrière lui les ressorts du réel.
Mais ne le fait pas comme le ferait le prétentieux positivisme qui pense ce faisant lui ôter toute substance et tout comprendre. Non, la curiosité et l’émerveillement doivent t’accompagner avec la conscience que l’on ne peut que temporairement poser un pied derrière le voile sans jamais en comprendre tous les tenants et les aboutissants.
Et, si par cas, tu te laisses aller à la douce folie de penser que les histoires telles que décrites ici possèdent une once de réalisme, alors, il te faudra, entre autres développements inéluctables, admettre trois propriétés de la "Réalité" dont notre culture moderne ne sait que faire :
– La matière reine et incontournable de la médecine scientifique ne suffit peut-être pas à expliquer la vie. Nos corps, notre esprit ne sont peut-être pas qu’un tas de molécules assemblées et l’aura, l’âme ont peut-être une nature qu’il convient d’explorer pour avoir une meilleure lecture d’un chemin de vie. Il se pourrait même que cette âme, cette aura puisse avoir une existence quand elle est découplée de la matière, comme nous en parle si bien le film « 6ième sens ».
– L’intrication qui est une propriété de la physique quantique et qui ne devrait s’appliquer qu’à des particules fonctionne ainsi : quand on a réussi à intriquer deux électrons, il suffit de modifier l’un pour que l’autre réagisse instantanément quel que soit la distance qui les sépare : donc potentiellement au-delà de la vitesse de la lumière, pourtant indépassable. Cette propriété a maintenant été appliquée à deux petits vers de glace qu’on appelle des tardigrades, donc à des milliards de particules et à une échelle beaucoup plus grande (ordre du mm). On devra finalement un jour admettre que deux êtres liés puissent être comme intriqués et l’un pouvoir ressentir l’autre quelque soit la distance qui les sépare.
– Et puis, il y a ce que j’appellerai la grenade événementielle. Elle est l’équivalent de la grenade à fragmentation des militaires censée exploser en mille mini morceaux destinés à saupoudrer les environs de particules vulnérantes dans le but de blesser le plus d’ennemis possibles. Quel drôle de passe-temps ces humains ont-ils donc ! Mais ici il convient de considérer que ni l’espace, ni le temps ne sont ce que l’on croit être. Ils ne sont ni linéaires, ni ordonnés comme nous le laissent croire ou bien la pendule qui rythme le temps ou la cadence régulière de mes pas qui voit défiler la route et ses kilomètres sous mes pieds. Cette grenade « évènementielle », c’est-à-dire un accident physique où émotionnel dans une vie est comme une grenade qui explose et dont on retrouve des bribes tout autour dans l’espace et le temps. Mais tels qu’ils sont ordonnés et non tels qu’on les croit ordonnés et sans tenir aucunement compte de la flèche du temps que l’on perçoit. Aussi cette explosion peut faire du bruit et donc se ressentir au moment où elle explose, mais peut-être aussi un an avant, ou, deux ans après l’événement, dans le même lieu ou dans un autre … Il suffit juste d’être à l’écoute du bruit résiduel et de savoir l’interpréter. Ce qui est souvent une autre paire de manches.
Une fois posés ces prémisses, je te laisse, lecteur, avec des histoires et anecdotes dont toi seul devra démêler dans leur interprétation : le vrai du faux, le faux_vrai du vrai_faux. Je nous souhaite un bon moment, je nous souhaite du plaisir, moi, auteur, à écrire ce kaléidoscope d’expériences, toi, lecteur à le lire si par cas le livre te tombe dans les mains et que tu as l’envie, la curiosité d’aller jusqu’au bout.