Et, si les mots en vibrant pouvaient créer un monde...
Ce serait le mot montagne,
Pour la sueur et la volonté qu’elle demande pour sa conquête.
Ou bien le mot mer,
Pour l’insondable de l’horizon et la folie qu’elle exige pour la parcourir.
Et encore le mot maison,
Pour la joie, la misère du quotidien, la constance dans lesquels la vie nous entraîne.
Et, si les instants immobiles où le rêve s’installe créaient la lumière...
Ce serait le vol hésitant du papillon, Ou bien la tige poussée par le vent,
Et encore le soleil couché sur les arbres jaunis.
Et, si l’amour décliné sous toutes ses formes, sans désir et sans ambition mettait en mouvement les reflets de la lumière sur ce monde...
Ce serait le sourire d’un enfant insouciant, Ou bien le vertige d’un regard aimé,
Et encore l’épaule encourageant un sanglot.
Et, si ce monde était le nôtre...
Alors je crois que je serais heureux de le voir, de le toucher, de n’en rien attendre.
Assis sur cette Pierre à contempler ma vaine agitation,
Pour attendre un but qui s’éloigne au fur et à mesure que je m’approche.
Ignorant que l’essence du monde est là impalpable,
invisible à celui qui ne sait pas s’arrêter.
Beth Acorn (1997)