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Publié : 10 novembre

Cueillette ...

Le monde animal, humain compris, a été une grande préoccupation durant ma vie et en cela j’ai à peine effleuré un des règnes des plus présent sur terre : le règne végétal. Et cela, malgré que j’ai passé des heures et des heures à me promener dans la forêt de mon enfance, la forêt de la Braconne en Charente.

En tant que soignant parcourant les chemins de traverse, il me resterait donc à parler de phytothérapie.

Mais ce n’est pas du tout par ce biais que j’aborde les végétaux. J’avais pourtant, grâce à mon ami Ephrem, parcouru le Togo à la recherche des sorciers des villages, regardé son père, professeur de botanique, les interroger sur les plantes, leurs recettes, leurs indications … J’avais moi même noté des recettes pour les vaches, les chevaux, les chèvres avec passion. J’avais assisté, médusé, à une danse de la pluie … Mais très vite j’avais compris que la phytothérapie dans l’esprit de la médecine n’était que la première étape vers la recherche du principe actif, de son extraction et de sa synthèse pour la délivrer en comprimé patenté donc … captif.

Très vite les pillages de l’Amazonie et de ses savoirs traditionnels pour breveter le vivant m’ont écœuré. A ce titre, le parcours de cette chinoise, Youyou Tu, est édifiant. Celle-ci, démontre que l’artémisia annua, plante très utilisée en tisane dans la médecine chinoise, contient de l’artémisine qui est un superbe remède contre le paludisme. Puis elle démontre que les résistances à l’artémisinine peuvent être surmontées en augmentant la durée de traitement ou en faisant des combinaisons de produits … Elle obtient pour cela le prix Nobel de médecine en 2015. Mais notez bien que ce n’est pas pour utiliser de la tisane… Car on a réussi à synthétiser l’artémisine : Sanofi, aidé par la fondation Bill et Melinda Gates, a déposé le brevet en 2011 et a démarré vraiment la production en 2013 … On peut alors lui accorder le prestigieux prix pour mettre en valeur le comprimé. Mais il convient dès lors, afin de mieux vendre ce dernier, de lancer une campagne contre la petite tisane qui surgit du fin fond de l’histoire et qui devient quelque chose de dangereux qui menace nos cœurs, une grande entreprise de propagande héhontée…

Pourtant, le totum, la plante entière, a ses avantages. Il contient plusieurs molécules qui s’épaulent et se régulent. Mais il faut enfin comprendre que l’esprit de la plante est aussi important que sa constitution car elle est aussi une forme de conscience.

Subséquemment en France, cette plante est interdite à la commercialisation … Tout juste n’est t’on pas un criminel quand on en a dans son jardin. Car l’OMS reprend en cœur des études faites pour nous convaincre que la prise des cachets est largement préférable. Haro sur la simple plante, que l’on pourrait avoir dans son jardin pour se soigner soi même.

Rajoutez à cela qu’elle a aussi une action anti virale, saupoudrez d’un peu de Covid et elle subira le même sort que tous les traitements précoces à ce moment-là.

Ceci n’est qu’un des nombreux exemples de tartufferies que je juge monumentales …

Alors, j’avoue, j’ai jeté le bébé avec l’eau du bain et, toute ma carrière, j’ai regardé la phytothérapie d’un mauvais œil : elle nous portait tout droit dans les bras des laboratoires. Je le redis ici, je ne suis aucunement anti-médicament : prescrits à bon escient et en collaboration avec une vision plus globale du corps, il peuvent faire merveille. Ce qui m’horripile, ce sont les gens qui veulent les imposer à tout prix, à toutes les sauces et trop, avec un alibi parfois pseudo-scientifique mais en fait pour de bien plus tristes raisons plus ou moins conscientes.

Aussi, je m’étais réfugié dans mes mains jusqu’à ce que je découvre sur la table d’une cliente un livre dont le titre était d’une impertinence joyeuse et que j’ai ensuite dévoré : “Manifeste gourmand des herbes folles” [1]. Ce livre reprenait la plante à son fondement : sauvage et nourriture riche et soignante. Le tout avec une poésie magnifique.

Tout de suite j’ai compris que la phytothérapie, cela commençait sur une pelouse en se faisant une salade. Et dès lors on découvre rapidement que les plantes s’ingénient à attirer notre attention pour être mangées et nous procurer leur bienfaits.

La moindre plante autour de nous est en soi un médicament qui s’offre par sa composition, mais aussi par son petit bout de conscience. A partir de là, je me suis évertué à connecter mon esprit aux plantes, à les reconnaître, à les étudier et tous les jours manger un peu de ces sauvages mal aimées, mal famées. Ce sont alors imposées de multiples réflexions … regroupées dans quelques textes qui seront ma boussole dans ce monde fantastique qui nous rebranche à l’essentiel : la terre qui nous supporte. Une série de questionnements sur notre rapport aux plantes, à la nourriture, à notre gestion de la terre … Et donc un début de réponse.

Aborder la question de la nourriture même partiellement, mettre le nez dans notre environnement naturel, me semble des urgences absolues. Si le sujet vous passionne, je vous conseille les livres écrits par plus érudits que moi et plus descriptifs, comme ceux de François Couplan [2] qui est un puit de Science sur le sujet. A ma façon dans ces lignes que j’écris, j’espère montrer à quel point ce sujet est fondamental mais trop souvent ignoré dans le soin au sens plus classique et pourtant incontournable pour notre santé globale.

Je l’avoue, je n’ai pas dans ma carrière médicale fondé mon action soignante sur la nourriture. Même si j’ai pu parfois donner quelques conseils. J’ai buté sur deux écueils :
 le premier étant que pour être précis, il faut faire des analyses et un programme … Qui ne sera pas toujours suivi, voire rejeté car avec la nourriture on touche à l’intime. Et je n’ai jamais voulu m’y heurter directement.
 Le deuxième est que les mots sont trompeurs : le mot lait par exemple recouvre des aliments complètement différents, on ne parle même pas des variations d’espèces, ou de présence de lactase dans le tube digestif ! Mais entre un lait issu d’une vache qui mange toujours dans une prairie naturelle et dont le lait une fois trait n’a subi aucune transformation et un lait issu d’une vache en élevage industriel qui mange de l’ensilage et a été transformé voir bourré d’additif … il y a un monde, un abîme. Autant l’un est un aliment correct, autant l’autre est un trompe couillon. Il en est de même pour le pain qui peut être délicieux quand il est fait avec de la farine de céréale ancienne, eau et sel pur, alors qu’un autre, industriel, avec une farine transformée et moultes additifs sera en fait un poison chronique ni plus ni moins. Et je ne parle même pas des molécules de synthèses ou transformées qui se présentent sous une forme spatiale inverse de ce que le corps sait gérer (mélange racémique de glutamate, sucre inverti) qui sont des poisons lents qui s’accumulent et perturbent le métabolisme. Alors comme de toute façon s’extraire de la nourriture transformée est devenu un véritable combat, je préfère considérer que c’est un déséquilibre comme un autre et aider mes patients à s’équilibrer autour de leur vie telle qu’ils la conçoivent : façon de se nourrir, médicaments, activité, etc … Et si par ce nouvel équilibre ils finissent par comprendre que telle ou telle chose est trop perturbante ils changeront d’eux mêmes les paramètres qui les gênent dans ce nouvel équilibre.

Dans ce cadre, les plantes sauvages nous donnent un moyen si simple de repenser notre nourriture, notre rapport à l’environnement, à la vie, à la santé … Cela vaut le coup je crois de s’y attarder un peu.

Prendre conscience des plantes qui nous entourent, pas seulement pour faire du vert dans un fond d’œil, pas seulement pour la beauté ou l’odeur d’une rose du matin, mais bel et bien pour essayer de faire sien, dans la compréhension la plus profonde ce que signifie l’expression terre nourricière. Pourquoi un tel sujet ? Pourquoi se pencher sur des plantes insignifiantes qui poussent dans les fossés et au bord des chemins alors que nos magasins regorgent de plantes cultivées, modifiées depuis des générations pour nos besoins ?

Tout simplement parce qu’on constate que la gamme des plantes que nous mangeons s’est dangereusement appauvrie au fil du temps, que souvent leur mode de culture en fait des légumes qui ne nourrissent plus au sens noble du terme quand ils ne sont pas recouverts de molécules improbables et toxiques.

Tout simplement parce que dépendre d’un système complexe, sans empathie, pour acheter sa salade nous prive de réflexion, d’autonomie sur notre nourriture. Comme dans le domaine de la santé que j’étudie depuis longtemps, il convient de recouvrer un peu de cette capacité de discernement et de comprendre à nouveau cette phrase attribuée à Hippocrate :

« Que ton aliment soit ton seul médicament ».

Oh je n’inventerais rien qui n’ait déjà été découvert par nos anciens ! Oh d’autres que moi ont récemment parcouru ce domaine avec une science extraordinaire. Mais voilà, je vous propose au fur et à mesure des pages d’apprendre ensemble la richesse alimentaire de nos pelouses et fossés et d’apprendre à enrichir le tour de notre maison pour que le milieu, notre milieu de vie, se complexifie.

Pour qu’il devienne plus riche et surtout plus vivant. Tout un programme... J’ai voulu, au fil du temps donner à notre ferme les moyens de devenir un laboratoire et une bibliothèque ouverte à tous pour réapprendre collectivement ce qui est bon pour nous dans les végétaux sauvages et refaire ensemble les premières étapes de l’agriculture : enrichir la nature qui est à portée de notre main.

Post-scriptum

J’y vas t’y, j’y vas t’y pas ?<<<****>>>Du Vague à L’âme ...
 Silence, On écrit : sommaire : La vie Kaléidoscope.

Version du 11/11/24